Fastes et Exubérance

Fastes et Exubérance

Il est difficile d’imaginer qu’au XVIIe siècle les principales cités de France, de Savoie et d’Italie aient pu fêter un même événement : la béatification et la canonisation de saint François de Sales, évêque de Genève. Et pourtant, l’ampleur des manifestations et le faste déployé dépassent l’imagination. Ce fait ne fut pas unique puisqu’il se renouvela au cours des siècles suivants pour sainte Jeanne de Chantal et pour sainte Marguerite-Marie Alacoque.

À l’occasion de ces cérémonies, la ferveur populaire et l’engouement de l’ensemble de la société civile surprennent par leur intensité et leur ingéniosité.
Depuis quinze ans, nous étudions les archives, consultons les Annales des monastères de l’ordre et parcourons les milliers de pages des Relations des fêtes de béatification et canonisation. Ces Lettres circulaires rédigées avec précision par chaque communauté permettent de situer ces événements dans leur contexte politique, économique, spirituel et artistique. Ces passionnantes recherches nous ont permis de découvrir un pan méconnu d’une histoire dépassant largement celle de la Visitation Sainte-Marie et s’associant intimement à celle des villes de France et d’Europe.

Les collections du musée conservent de nombreux objets réalisés à l’occasion de ces fêtes, les visitandines ayant depuis plus de trois siècles protégé ces précieux témoignages, souvenirs de ces épisodes fastueux. Ils sont la preuve du génie artistique de leurs devancières, mais aussi des dons effectués grâce au rayonnement de la Visitation. Ces objets ont traversé sans dommage les nombreux aléas de l’Histoire que chaque communauté a affrontés : guerres, Révolution, expulsions, fermetures… Soigneusement préservés, parfois restaurés, ils nous permettent aujourd’hui d’illustrer la splendeur de ces cérémonies et ainsi de la faire entrevoir. Certains ne sont plus là, en particulier ceux qui avaient été prêtés pour les mises en scène grandioses – mobilier d’argent, consoles, vases, miroirs… – mais les Relations conservées attestent une atmosphère qui préfigure presque Versailles lorsque le château était meublé d’argent…

La Providence a permis que ces fêtes se déroulent au cœur de chacun des siècles suivant : 1665, 1767, 1864, puis 1920. La décoration et la création artistique qui ont accompagné ces solennités témoignent de leur époque. Nous invitons le lecteur à s’arrêter à chacune de ces circonstances pour découvrir l’atmosphère et l’art décoratif du moment. La plupart de ces œuvres n’ayant jamais été présentées ni publiées, il s’agira d’une véritable découverte, étayée par une documentation abondante et précise.

Nous sommes heureux d’offrir aux passionnés d’art une datation pour mieux cerner des œuvres similaires, et aux amoureux de l’Histoire quelques anecdotes qui, mises bout à bout, illustrent ces périodes. Chacun pourra y découvrir les talents et l’habileté de celles et ceux qui utilisèrent l’art pour honorer trois grands personnages canonisés, avec fastes et exubérance !

Ce livre a reçu, en octobre 2008, le prix du chanoine Delpeuch, décerné par l’Institut de France. A cette occasion son auteur a été reçu sur Canal Académie, interview consultable on line.

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